clairement encore. Il s’en faut de peu que Justinien ne restaure l’unité impériale (527-565). L’Afrique, l’Espagne, l’Italie sont reconquises. La Méditerranée redevient un lac romain. Byzance, il est vrai, épuisée par l’immense effort qu’elle vient de fournir, ne peut ni achever, ni même conserver intacte l’œuvre surprenante qu’elle a accomplie. Les Lombards lui enlèvent le Nord de l’Italie (568), les Wisigoths s’affranchissent de son joug. Pourtant elle n’abandonne point ses prétentions. Elle conserve longtemps encore l’Afrique, la Sicile, l’Italie méridionale. Elle ne renonce point à dominer l’Occident grâce à la mer, dont ses flottes possèdent la maîtrise, si bien que le sort de l’Europe se joue plus que jamais en ce moment sur les flots de la Méditerranée.
Ce qui est vrai du mouvement politique ne l’est pas moins, s’il ne l’est davantage encore, de la civilisation. Faut-il rappeler que Boëce (480-525) et Cassiodore (477-c. 562) sont Italiens, comme Saint Benoît (480-543) et comme Grégoire le Grand (590-604) et qu’Isidore de Séville (570-636) est Espagnol ? C’est l’Italie qui conserve les dernières écoles en même temps qu’elle répand le monachisme au Nord des Alpes. C’est chez elle que se rencontre à la fois ce qui subsiste encore de la culture antique et ce qui s’enfante de nouveau au sein de l’Église. Tout ce que l’Église d’Occident atteste de vigueur se rencontre dans les régions méditerranéennes. Là seulement elle possède une organisation et un esprit capables de grandes entreprises. Au Nord de la Gaule, le clergé croupit dans la barbarie et l’impuissance. Il a fallu que le christianisme fût apporté aux Anglo-Saxons (596) non point des côtes voisines de la Gaule, mais des côtes lointaines de l’Italie. L’arrivée