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de ces Consuls qui soient mentionnés, mais non point sans doute les premiers qui aient existé, apparaissent à Lucques en 1080. Déjà en 1068 une « Cour communale » (curtis communalis) est signalée dans cette ville, symptôme caractéristique d’une autonomie urbaine qui devait exister certainement à la même date en bien d’autres endroits[1]. Les Consuls de Milan ne sont cités qu’en 1107, mais ils sont incontestablement beaucoup plus anciens. Dès cette première apparition, ils présentent nettement la physionomie de magistrats communaux. Ils se recrutent parmi les diverses classes sociales, c’est-à-dire parmi les capitanei, les valvassores et les cives et représentent le commune civitatis. Le plus caractéristique de cette magistrature, c’est son caractère annuel par quoi elle s’oppose nettement aux offices à vie qu’a seuls connus le régime féodal. Cette annalité des fonctions est la conséquence de leur nature élective. En s’emparant du pouvoir, la population urbaine le confie à des délégués nommés par elle. Ainsi s’affirme le principe du contrôle en même temps que celui de l’élection. La commune municipale, dès les premières tentatives d’organisation, se crée les instruments indispensables à son fonctionnement et s’engage sans hésiter dans la voie qu’elle n’a, point cessé de suivre depuis lors.

De l’Italie, le consulat s’est bientôt répandu aux villes de Provence, preuve évidente de son adaptation parfaite aux nécessités qui s’imposaient à la

    communale, voy. E. Mayer, Italienische Verfassungsgeschichte, t. II, p. 532 (Leipzig, 1909). Le terme semble bien dériver de l’administration municipale romano-byzantine de la Romagne.

  1. Davidsohn, Geschichte von Florenz, t. I, p. 345-350 (Berlin, 1896-1908).