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en furent les conséquences politiques. On connaît malheureusement très mal le détail des événements. Il est certain que l’agitation à laquelle l’Église était alors en proie ne laissa pas de les précipiter. Le peuple des villes prit parti passionnément pour les moines et les prêtres qui menaient campagne contre les mauvaises mœurs du clergé, attaquaient la simonie et le mariage des prêtres et condamnaient l’intervention de l’autorité laïque dans l’administration de l’Église. Les évêques nommés par l’empereur et compromis par cela même se trouvèrent ainsi en face d’une opposition en laquelle s’alliaient et se renforçaient mutuellement le mysticisme, les revendications des marchands et le mécontentement suscité par la misère parmi les travailleurs industriels. Il est certain que des nobles participèrent à cette agitation qui leur fournissait l’occasion de secouer la suzeraineté épiscopale, et firent cause commune avec les bourgeois et les Patarins, nom sous lequel les conservateurs désignaient avec mépris leurs adversaires.

En 1057, Milan, déjà à cette époque la reine des cités lombardes, était en pleine fermentation contre l’archevêque[1]. Les péripéties de la querelle des investitures propagèrent naturellement les troubles et leur donnèrent une tournure de plus en plus favorable aux insurgés à mesure que la cause du pape l’emportait sur celle de l’empereur. On établit sous le nom de « Consuls », des magistrats chargés de l’administration des cités, soit du consentement des évêques, soit par la violence[2]. Les premiers

  1. Hauck, Kirchengeschichte Deutschlands, t. III, p. 692.
  2. K. Hegel, Geschichte des Städteverfassung von Italien, t. II, p. 137 (Leipzig, 1847). Pour l’origine du consulat avant la période