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gildes ou hanses, corporations autonomes, indépendantes de tout pouvoir et où seule leur volonté fait loi. Des chefs librement élus, doyens ou comtes de la hanse (dekenen, hansgraven), y veillent au maintien d’une discipline librement acceptée. À intervalles réguliers, les confrères s’assemblent pour boire et délibérer sur leurs intérêts. Une caisse alimentée par leurs contributions pourvoit aux besoins de la société, une maison commune, une gildhalle, sert de local aux réunions. Telle nous apparaît déjà vers 1050 la gilde de Saint-Omer et l’on peut conjecturer avec la plus grande vraisemblance qu’une association analogue existait à la même époque dans toutes les agglomérations marchandes de la Flandre[1].

La prospérité du commerce était trop directement intéressée à la bonne organisation des villes pour que les confrères des gildes ne se soient pas spontanément chargés de pourvoir à leurs besoins les plus indispensables. Les châtelains n’avaient aucun motif de les empêcher de subvenir par leurs propres ressources à des nécessités dont l’urgence apparaissait avec évidence. Ils les laissèrent s’improviser, si l’on peut ainsi dire, en administrations communales officieuses. À Saint-Omer un arrangement conclu entre le châtelain Wulfric Rabel (1072-1083) et la gilde permet à celle-ci

  1. G. Espinas et H. Pirenne, Les coutumes de la Gilde marchande de Saint-Omer (Le Moyen Âge, 1901, p. 196) ; H. Pirenne, La hanse flamande de Londres (Bulletin de l’Académie royale de Belgique, Classe des Lettres, 1899, p. 65). Pour le rôle des gildes en Angleterre, comparez l’ouvrage fondamental de Ch. Gross, The Gild Merchant (Oxford, 1890). Voy. aussi K. Hegel, Stadte und Gilden der Germanischen Völker (Leipzig, 1891) ; H. Vander Linden, Les gildes marchandes dans les Pays-Bas au Moyen Âge (Gand, 1890) ; C. Koehne, Das Hansgrafenamt (Berlin, 1893).