Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/165

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tité d’affaires, il faut se rendre à la cour épiscopale du diocèse. Divers droits pèsent sur les terres et sur les hommes tant du bourg que du portus : cens fonciers, prestations en argent ou en nature destinées à l’entretien des chevaliers préposés à la défense du bourg, tonlieu perçu sur toutes les marchandises amenées par terre et par eau. Tout cela est de date ancienne, s’est formé en plein régime domanial et féodal et n’est aucunement adapté aux besoins nouveaux de la population marchande. N’étant point faite pour elle, l’organisation qui a son siège dans le bourg, non seulement ne lui rend point de services, mais, au contraire, la gêne dans son activité. Les survivances du passé pèsent de tout leur poids sur les nécessités du présent. Manifestement, pour les raisons que l’on a exposées plus haut et sur lesquelles il est inutile de revenir, la bourgeoisie se sent mal à l’aise et exige les réformes indispensables à sa libre expansion.

Ces réformes il faut qu’elle en prenne l’initiative, car elle ne peut compter pour les accomplir ni sur les châtelains ni sur les monastères et les seigneurs dont elle occupe les terres. Mais il faut aussi qu’au sein de la population si hétérogène des portus un groupe d’hommes s’impose à la masse et ait assez de force et de prestige pour en prendre la direction. Les marchands, dès la première moitié du xie siècle, assument résolument ce rôle. Non seulement ils constituent dans chaque ville l’élément le plus riche, le plus actif et le plus avide de changements, mais ils possèdent encore la vigueur que donne l’association. Les besoins du commerce les ont poussés de très bonne heure, on l’a vu plus haut, à se grouper en confréries appelées