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romaines et que leur nom n’est bien souvent qu’une transformation du nom de celles-ci.

L’Église avait calqué, on le sait, ses circonscriptions religieuses sur les circonscriptions administratives de l’Empire. En règle générale, chaque diocèse correspondait à une civitas. Or, l’organisation ecclésiastique n’ayant subi presque aucune altération à l’époque des invasions, il en résulte qu’elle a conservé son caractère municipal dans les royaumes nouveaux fondés par les conquérants germaniques. Cela est tellement vrai qu’à partir du vie siècle, le mot civitas prend le sens spécial de cité épiscopale, de centre de diocèse. En survivant à l’Empire sur lequel elle s’était fondée, l’Église a donc contribué très largement à sauvegarder l’existence des villes romaines.

Mais il faut reconnaître aussi que ces villes ont longtemps conservé par elles-mêmes une importance considérable. Leurs institutions municipales n’ont pas brusquement disparu à l’arrivée des Germains. On remarque que non seulement en Italie, mais en Espagne et même en Gaule elles restent en possession de leurs Decuriones, c’est à dire d’un corps de magistrats pourvu d’une autorité judiciaire et administrative dont les détails nous échappent, mais dont il n’est permis de nier ni l’existence, ni l’origine romaine[1]. On y relève encore la présence du Defensor civitatis, et la pratique de l’inscription des actes authentiques aux Gesta Municipalia. D’autre part, et d’une

  1. Fustel de Coulanges, La Monarchie franque, p. 236 ; A. Dopsch, Wirtschaftliche und Soziale Grundlagen der Europäischen Kulturenentwickelung, t. II, p. 342 ; E. Mayer, Deutsche und französische Verfassungsgeschichte, t. I, p. 296 (Leipzig, 1899).