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manière plus incontestable, elles nous apparaissent comme les foyers d’une activité économique qui, elle aussi, est une survivance de la civilisation antérieure. Chaque cité reste le marché des campagnes environnantes, le domicile d’hiver des grands propriétaires fonciers de sa région et, pour peu qu’elle soit favorablement située, le centre d’un commerce de plus en plus développé à mesure que l’on se rapproche des bords de la Méditerranée. Il suffit de lire Grégoire de Tours pour se convaincre que la Gaule de son temps possède encore une classe de marchands de profession fixés dans les villes. Il cite en des passages tout à fait caractéristiques ceux de Verdun, de Paris, d’Orléans, de Clermont-Ferrant, de Marseille, de Nîmes, de Bordeaux[1]. Il importe sans doute de ne pas s’exagérer leur importance. Ce serait une faute aussi grande que de la sous-évaluer. Il est certain que la constitution économique de la Gaule Mérovingienne était fondée beaucoup plus sur l’agriculture que sur toute autre forme d’activité, et cela est même d’autant plus évident qu’il en allait déjà ainsi sous l’Empire Romain. Mais il n’empêche que la circulation intérieure, que l’importation et l’exportation des denrées et des marchandises y jouaient un rôle assez actif pour qu’on doive les reconnaître comme indispensables à l’alimentation et à la subsistance de la société. Une preuve indirecte de ce fait est fournie par les revenus du tonlieu (theloneum). On appelait ainsi, on le sait, les péages établis par l’administration romaine le long des routes, dans les ports, au pas-

  1. Voy. entre autres Historia Francorum, éd. Krusch, l. IV, § 43, l. VI, § 45, l. VIII, § 1, 33, l. III, § 34.