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Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/179

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les magistrats municipaux en quantité d’endroits : « wardours de la paix » à Verdun, « reward de l’amitié » à Lille, « jurés de la paix » à Valenciennes, à Cambrai et dans bien d’autres villes, nous permettent de voir dans quels rapports intimes se trouvent la paix et la commune.

D’autres causes ont naturellement contribué à la naissance des communes urbaines. La plus puissante d’entre elles est le besoin ressenti par la bourgeoisie, de très bonne heure, de posséder un système d’impôts. Comment se procurer les sommes nécessaires aux travaux publics les plus indispensables et avant tout à la construction du mur de la ville ? Partout, la nécessité de bâtir ce rempart protecteur a été le point de départ des finances urbaines. Dans les villes du pays de Liége, l’impôt communal a porté jusqu’à la fin de l’Ancien Régime le nom caractéristique de « fermeté » (firmitas). À Angers, les plus anciens comptes municipaux sont ceux de la « clouaison, fortification et emparement » de la ville. Ailleurs, une partie des amendes est affectée ad opus castri, c’est à dire au profit de la fortification. Mais l’impôt a naturellement fourni l’essentiel des ressources publiques. Pour y soumettre les contribuables, il a fallu recourir à la contrainte. Chacun a été obligé de participer suivant ses moyens aux dépenses faites dans l’intérêt de tous. Qui se refuse à supporter les frais qu’elles entraînent, est exclu de la ville. Celle-ci est donc une association obligatoire, une personne morale. Suivant l’expression de Beaumanoir, elle forme une « compaignie, laquelle ne pot partir ne desseurer, ançois convient qu’elle tiègne, voillent les parties ou non qui en le com-