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sage des ponts, etc. Les rois francs les ont tous laissé subsister, et ils en tiraient des ressources si abondantes que les percepteurs de ce genre de taxes (thelonearii) figuraient au nombre de leurs fonctionnaires les plus utiles.

Le maintien du commerce après les invasions germaniques et, en même temps, le maintien des villes qui en étaient les centres et des marchands qui en étaient les instruments s’explique par la continuation du trafic méditerranéen. Tel il existait depuis Constantin, tel il se retrouve, dans ses grandes lignes, du ve au viiie siècle. Si, comme il est probable, son déclin s’est accentué, il n’en reste pas moins vrai qu’il nous présente le spectacle d’une intercourse ininterrompue entre l’Orient byzantin et l’Occident dominé par les barbares. Par la navigation qui s’exerce des côtes d’Espagne et de Gaule à celles de Syrie et d’Asie Mineure, le bassin de la Méditerranée ne cesse pas de constituer l’unité économique qu’il formait depuis des siècles au sein de la communauté impériale. Par lui l’organisation économique du monde survit à son morcellement politique.

Faute d’autres preuves, le système monétaire des rois francs établirait cette vérité jusqu’à l’évidence. Ce système, on le sait trop bien pour qu’il soit nécessaire d’y insister ici, est purement romain, ou pour parler plus exactement, romano-byzantin. Il l’est par les monnaies qu’il frappe, le solidus, le triens et le denarius, c’est à dire le sou, le tiers de sou et le denier. Il l’est encore par le métal qu’il emploie, l’or, utilisé pour la frappe des sous et des tiers de sou. Il l’est aussi par les poids qu’il donne aux espèces. Il l’est enfin par les effi-