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pieuses ou charitables qui y abondent. Leur piété se manifeste avec une naïveté, une sincérité et une hardiesse qui l’entraînent facilement au delà des bornes de la stricte orthodoxie. À toutes les époques, elles se distinguent par l’exubérance de leur mysticisme. C’est lui qui, au xie siècle, les fait prendre parti passionnément pour les réformateurs religieux qui combattent la simonie et le mariage des prêtres qui, au xiie siècle, y propage l’ascétisme contemplatif des béguines et des bégards, qui, au xiiie, explique l’accueil enthousiaste qu’y reçoivent les Franciscains et les Dominicains. Mais c’est lui aussi qui y assure le succès de toutes les nouveautés, de toutes les exagérations et de toutes les déformations du sentiment religieux. Depuis le xiie siècle, aucune hérésie ne s’est manifestée qui n’y ait aussitôt trouvé des adeptes. Il suffit de rappeler ici la rapidité et l’énergie avec laquelle s’y est propagée la secte des Albigeois.

Laïque et mystique tout à la fois, la bourgeoisie du Moyen Âge se trouve ainsi singulièrement bien préparée au rôle qu’elle jouera dans les deux grands mouvements d’idées de l’avenir : la Renaissance, fille de l’esprit laïque et la Réforme, vers laquelle conduisait le mysticisme religieux.