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Au reste, l’enseignement de ces écoles se borna, jusqu’à l’époque de la Renaissance, à l’instruction élémentaire. Tous ceux qui voulaient en savoir plus long devaient s’adresser aux établissements du clergé. C’est de ceux-ci que sortaient les clercs qui, à partir de la fin du xiie siècle, furent chargés de la correspondance et de la comptabilité urbaines, ainsi que de la rédaction des actes multiples nécessités par la vie communale. Tous ces clercs étaient d’ailleurs des laïques, les villes n’ayant jamais pris à leur service, à la différence des princes, des membres du clergé qui, en vertu des privilèges dont ils jouissaient, eussent échappé à leur juridiction. La langue dont firent usage les scribes municipaux fut naturellement tout d’abord le latin. Mais depuis les premières années du xiiie siècle on les voit adopter de plus en plus généralement l’emploi des idiomes nationaux. C’est par les villes que ceux-ci s’introduisirent pour la première fois dans la pratique de l’administration, et cette initiative correspond parfaitement à l’esprit laïque dont elles furent par excellence les représentants au milieu de la civilisation du Moyen Âge.

Cet esprit laïque s’alliait d’ailleurs à la ferveur religieuse la plus intense. Si les bourgeoisies se trouvèrent très fréquemment en lutte avec les autorités ecclésiastiques, si les évêques fulminèrent abondamment contre elles des sentences d’excommunication, et si, par contre-coup, elles s’abandonnèrent parfois à des tendances anti-cléricales assez prononcées, elles n’en étaient pas moins animées d’une foi profonde et ardente. Il n’en faut pour preuve que les innombrables fondations religieuses dont fourmillent les villes, que les confréries