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très active la relie à Constantinople, à la Syrie, à l’Afrique, à l’Égypte, à l’Espagne et à l’Italie. Les produits de l’Orient, le papyrus, les épices, les tissus de luxe, le vin et l’huile y font l’objet d’une importation régulière. Des marchands étrangers, Juifs et Syriens pour la plupart, y sont établis à demeure, et leur nationalité atteste l’étroitesse des rapports entretenus par Marseille avec les régions byzantines. Enfin la quantité extraordinaire des monnaies qui y ont été frappées pendant l’époque mérovingienne nous fournit une preuve matérielle de l’activité même de son commerce[1]. La population de la ville devait comprendre, à côté des négociants, une classe d’artisans assez nombreuse[2]. À tous égards, elle semble donc bien conserver sous le gouvernement des rois francs, le caractère nettement municipal des cités romaines.

Le mouvement économique de Marseille se propage naturellement dans le hinterland du port. Sous son influence tout le commerce de la Gaule s’oriente vers la Méditerranée. Les tonlieux les plus importants du royaume francs sont situés dans les environs de la ville, à Fos, à Arles, à Toulon, à Sorgues, à Valence, à Vienne, à Avignon[3].

    pour que le roi pût constituer sur elle des rentes se montant au chiffre de 100 sous d’or. Voy. un exemple pour l’abbaye de Saint-Denys dans Mon. Germ. Hist. Diplomata, t. I, nos 61 et 82. Cf. Mon. Germ. Hist. Script. Rerum Merovingicarum, t. II, p. 406.

  1. M. Prou, Catalogue des monnaies mérovingiennes de la Bibliothèque Nationale de Pari, p. 300.
  2. Il est impossible, en effet, de ne pas supposer à Marseille une classe d’artisans au moins aussi importante que celle qui existait encore à Arles au milieu du vie siècle. F. Kiener, Verfassungsgeschichte der Provence, p. 29 (Leipzig, 1900).
  3. Marculfi Formulae, éd. Zeumer, p. 102, no 1.