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De plus en plus d’ailleurs, les Musulmans affermissent leur domination sur la mer. Dans le courant du ixe siècle, ils s’emparent de la Corse, de la Sardaigne, de la Sicile. Sur les côtes d’Afrique, ils fondent de nouveaux ports : Kairouan (670), Tunis (698-703), plus tard El Mehdiah au sud de cette ville, puis Le Caire en 969. Palerme, où s’élève un grand arsenal, devient leur base principale dans la mer tyrrhénienne. Leurs flottes y naviguent en maîtresses, flottes de commerce transportant vers Le Caire, d’où ils sont réexpédiés vers Bagdad, les produits de l’Occident, ou flottes de pirates dévastant les côtes de Provence et d’Italie, y incendiant les villes après les avoir pillées et en avoir capturé les habitants pour les vendre comme esclaves. En 889, une bande de ces pillards s’empare même de Fraxinetum (Garde-Frainet, dans le département du Var, non loin de Nice), dont la garnison durant près d’un siècle soumet les populations voisines à des razzias continuelles et menace les routes qui, à travers les cols des Alpes, vont de France en Italie[1].

Les efforts de Charlemagne et de ses successeurs pour protéger l’Empire contre les agressions des Sarrasins furent aussi impuissants que ceux qu’ils cherchèrent à opposer aux invasions des Normands. On sait avec quelle énergie et quelle habileté les Danois et les Norvégiens exploitèrent la Francia, durant tout le cours du ixe siècle,

    de circulation que par les cols s’ouvrant vers le Nord : Mont Cenis, petit et grand Saint-Bernard, Septimer. Voy. P. H. Scheffel, Verkehrsgeschichte der Alpen (Berlin, 1908-1914).

  1. A. Schulte, Geschichte des Mittelalterlichen Handels und Verkehrs zwischen Westdeutschland und Italien, t. II, p. 59 (Leipzig, 1900)·