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la plus usuelle et en tout cas la plus technique de ces appellations est celle de burgus, mot emprunté aux Germains par le latin du Bas Empire et qui s’est conservé dans toutes les langues modernes (burg, borough, bourg, borgo).

De ces bourgs du haut Moyen Âge aucun vestige ne subsiste de nos jours. Les sources nous permettent heureusement de nous en faire une image assez précise. C’étaient des enceintes de murailles, parfois même, au début, de simples palissades de bois[1], d’un périmètre peu étendu, habituellement de forme arrondie et entourées d’un fossé. Au centre se trouvait une tour puissante, un donjon, réduit suprême de la défense en cas d’attaque.

Une garnison de chevaliers (milites castrenses) y était établie à poste fixe. Il arrivait souvent que des groupes de guerriers désignés parmi les habitants des alentours venaient la renforcer à tour de rôle. Le tout était placé sous les ordres d’un châtelain (castellanus). Dans chacun des bourgs de sa terre, le prince possédait une habitation (domus) où il résidait avec sa suite au cours des déplacements continuels auxquels la guerre ou l’administration le contraignaient. Le plus souvent une chapelle ou une église, flanquée des bâtiments nécessaires à la demeure du clergé, dressait son clocher au-dessus des créneaux du rempart. Parfois aussi se rencontrait à côté d’elle un local destiné aux assemblées judiciaires, dont les membres, à dates fixes, venaient de l’extérieur siéger dans le bourg. Ce qui

    et G. Des Marez, Le sens juridique du mot oppidum. Festschrift für H. Brunner (Berlin, 1910).

  1. E. Dümmler, Geschichte des Ostfränkischen Reiches, 2e édit., t. III, p. 156 (Leipzig, 1888).