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comme elles que des lieux de refuge et de défense[1].

On peut donc conclure, sans crainte de se tromper, que la période qui s’ouvre avec l’époque carolingienne n’a connu de villes ni au sens social, ni au sens économique, ni au sens juridique de ce mot. Les cités et les bourgs n’ont été que des places fortes et des chefs-lieux d’administration. Leurs habitants ne possèdent ni droit spécial, ni institutions propres et leur genre d’existence ne les distingue en rien du reste de la société.

Complètement étrangers à l’activité commerciale et à l’activité industrielle, ils répondent en tous points à la civilisation agricole de leur temps. Leur population est d’ailleurs de bien minime importance. Il n’est point possible, faute de renseignements, de l’évaluer avec précision. Tout indique cependant que celle des bourgs les plus considérables n’a consisté qu’en quelques centaines d’hommes et que les cités n’ont jamais sans doute renfermé plus de 2 à 3 000 habitants.

Les cités et les bourgs ont joué pourtant, dans l’histoire des villes, un rôle essentiel. Ils en ont été, pour ainsi dire, les pierres d’attente. C’est autour de leurs murailles qu’elles se formeront dès que se manifestera la renaissance économique dont on surprend les premiers symptômes au cours du xe siècle.


  1. Voy. les détails très vivants donnés par les Miracula Sancti Bertini. Mon. Germ. Hist. Script., t. XV, p. 512, sur le castellum construit en 891 autour de l’abbaye de Saint-Bertin. Il se compose d’un fossé au bord duquel s’élèvent des remparts de terre couronnés de palissades en bois.