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CHAPITRE IV

LA RENAISSANCE DU COMMERCE

On peut considérer la fin du ixe siècle comme le moment où la courbe décrite par l’évolution économique de l’Europe occidentale depuis la fermeture de la Méditerranée est arrivée à son point le plus bas. C’est aussi le moment où le désordre social provoqué par les pillages des envahisseurs et l’anarchie politique atteint son maximum. Le xe siècle fut, sinon une époque de restauration, tout au moins une époque de stabilisation et de paix relative. La cession de la Normandie à Rollon (912) marque dans l’Ouest la fin des grandes invasions scandinaves, tandis que dans l’Est, Henri l’Oiseleur et Otton arrêtent et fixent les Slaves le long de l’Elbe et les Hongrois dans la vallée du Danube (933, 955). En même temps, le régime féodal, décidément vainqueur de la royauté, s’installe en France sur les débris de l’ancienne constitution carolingienne. En Allemagne, au contraire, le progrès plus lent du développement social permet aux princes de la maison de Saxe d’opposer aux empiétements de l’aristocratie laïque, la puissance des évêques sur lesquels ils s’appuient, de relever le pouvoir monarchique et en se parant du titre d’empereurs romains, de prétendre à l’autorité universelle qu’avait exercée Charlemagne.

Tout cela incontestablement, s’il ne s’est point accompli sans luttes, n’en a pas moins été bienfaisant. L’Europe a cessé d’être foulée sans merci ; elle a re-