l’empereur, des esclaves que ses marins se procurent facilement chez les peuples slaves des bords de l’Adriatique. Ils en rapportent en revanche les tissus précieux que fabrique l’industrie byzantine, ainsi que les épices que l’Asie fournit à Constantinople. Au xe siècle, le mouvement du port atteint déjà des proportions extraordinaires[1]. Et avec l’extension du commerce, l’amour du gain se manifeste de façon irrésistible. Pour les Vénitiens, aucun scrupule ne tient contre lui. Leur religion est une religion de gens d’affaires. Il leur importe peu que les Musulmans soient les ennemis du Christ, si le commerce avec eux peut être profitable. Au cours du ixe siècle, ils se mettent à fréquenter de plus en plus Alep, Alexandrie, Damas, Kairouan, Palerme. Des traités de commerce leur assurent sur les marchés de l’Islam, une situation privilégiée.
Au commencement du xie siècle, la puissance de Venise a fait d’aussi merveilleux progrès que sa richesse. Sous le doge Pierre II Orseolo, elle a purgé l’Adriatique des pirates slaves, elle s’est soumis l’Istrie et possède à Zara, Veglia, Arbe, Trau, Spalato, Curzola, Lagosta, des comptoirs ou des établissements militaires. Jean Diacre célèbre la splendeur et la gloire de l’aurea Venitia ; Guillaume d’Apulée vante la cité « riche en argent, riche en hommes » et déclare « qu’aucun peuple au monde n’est plus valeureux dans les guerres navales, plus savant dans l’art de conduire les vaisseaux sur la mer ».
Il était impossible que le puissant mouvement économique dont Venise était le centre ne se com-
- ↑ R. Heynen, Zur Entstehung des Kapitalismus in Venedig, p. 15 (Stuttgart, 1905).