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Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/9

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CHAPITRE I

LE COMMERCE DE LA MÉDITERRANÉE
JUSQU’À LA FIN DU VIIIe SIÈCLE

Si l’on jette un coup d’œil d’ensemble sur l’Empire Romain, ce qui frappe tout d’abord, c’est son caractère méditerranéen. Son étendue ne dépasse guère le bassin du grand lac intérieur qu’il enserre de toutes parts. Ses frontières lointaines du Rhin, du Danube, de l’Euphrate, du Sahara forment un vaste cercle de défenses destiné à en protéger les abords. Incontestablement la mer est tout à la fois le garant de son unité politique et de son unité économique. Leur existence dépend de la maîtrise qu’il exerce sur elle. Sans cette grande voie de communication ni le gouvernement, ni l’alimentation de l’orbis romanus ne seraient possibles. Il est intéressant de constater combien en vieillissant, l’Empire accentue davantage son caractère maritime. Sa capitale de terre ferme, Rome, est abandonnée au ive siècle pour une capitale qui est en même temps un port admirable : Constantinople.

Certes, depuis la fin du iiie siècle, la civilisation trahit un incontestable affaissement. La population diminue, l’énergie faiblit, les barbares commencent à ébranler les frontières, les dépenses croissantes du gouvernement s’acharnant à lutter pour la vie, entraînent une exploitation fiscale, qui de plus en plus, asservit les hommes à l’État. Pourtant, cette décadence ne paraît pas avoir atteint sensiblement la navigation de la Méditerranée. L’activité qu’elle