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CHAPITRE V

LES MARCHANDS

Faute de renseignements, il est impossible, comme il arrive presque toujours pour les questions d’origine, d’exposer avec une précision suffisante, la formation de la classe marchande qui a suscité et répandu à travers l’Europe occidentale le mouvement commercial dont on vient d’esquisser les débuts.

Dans certaines contrées, le commerce apparaît comme un phénomène primitif et spontané. Il en fut ainsi par exemple, dès l’aurore de l’histoire, en Grèce et en Scandinavie. La navigation y est au moins aussi ancienne que l’agriculture. Tout engageait les hommes à s’y adonner : la profonde découpure des côtes, l’abondance des havres, l’attirance des îles ou des rivages qui se profilaient à l’horizon et qui excitait d’autant plus à se risquer sur la mer que le sol natal était plus stérile. La proximité de civilisations plus anciennes et mal défendues promettait par surcroît de fructueux pillages. La piraterie fut l’initiatrice du trafic maritime. Chez les navigateurs grecs de l’époque homérique comme chez les Vikings normands, ils se développèrent pendant longtemps de concert.

Rien de tel, faut-il le dire, ne se rencontre au Moyen Âge. On n’y découvre aucune trace de ce commerce héroïque et barbare. Les Germains qui envahirent les provinces romaines au ve siècle