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Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 1.djvu/252

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PASQUIN

Les pères, après tout…

DAMIS

Doivent être honorés.
Dis-moi ; ne sais-tu pas ce que nous veut le nôtre ?

PASQUIN

Non ; le mien dès longtemps me brouille avec le vôtre.
Je leur suis devenu très suspect, & je vois
Que, depuis quelques jours, on se cache de moi ;
De moi, portier, valet, cocher & secrétaire !
Et puis on veut encor que je sache me taire !
Ma foi non ! Je l’avoue à vos yeux, franc & net :
À maître défiant, serviteur indiscret.
Un secret déposé ; secret inviolable.
Un secret dérobé, j’irais le dire au diable !
Que j’en surprenne ici, bons à vous confier,
Je me fais un régal de les sacrifier.

DAMIS

Par exemple, crois-tu qu’ainsi qu’il le proteste,
Sa maison de campagne est tout ce qui lui reste ?
Et que, pour tout vaillant, notre père en effet,
N’eût que le peu de biens dont nous l’avons défait ?

PASQUIN

C’est de quoi, bien à fond, je ne puis vous instruire ;
Mais, depuis peu, j’en doute ; et, puisqu’il faut tout dire,
Je ne sais quel micmac, entre mon père & lui,
Se brasse à la sourdine, & se trame aujourd’hui.