Et sachez distinguer ce cœur où vous régnez,
De ces indignes cœurs qu’ici vous nous peignez !
Eh quoi ! Pour ne pouvoir aimer une inconnue,
Que de vos yeux vainqueurs le charme a prévenue,
Comme un lâche, animé du plus vil intérêt,
Dois-je être foudroyé d’un si cruel arrêt ?
Accusez mon amour, condamnez son audace ;
C’est aux soumissions à mériter sa grâce ;
Mais que de vos soupçons vous ne m’exceptiez pas ;
Me supposer à moi des sentiments si bas ;
Voir les vœux les plus purs traités de mercenaires ;
Madame, mille morts me seroient moins amères.
Il pourroit bien sur nous l’emporter aujourd’hui :
Nous n’avons pas le bec affilé comme lui.
Madame…
Vos discours, quoi que vous puissiez dire,
Après ce que j’ai vu, ne me sauroient séduire.
Si pourtant mon estime a de quoi vous toucher,
Il vous reste un moyen de vous en rapprocher.
Laissons-là cette fille à qui je m’intéresse ;
Un soin plus important vous regarde & vous presse.
Angélique n’a plus de ressources qu’en moi.
De vos biens la pitié réclame un autre emploi.
La dernière infortune accable votre père ;
J’ai vu sa gratitude, & sa vertu m’est chère ;