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Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 2.djvu/191

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Scène II


Frédéric, Christierne.

frédéric

Vous avez désiré, seigneur, que ma tendresse
Se chargeât d’essuyer les pleurs de la princesse ;
Et je vois qu’on la prive, en ce jour de douleur,
Du seul soulagement qu’elle eût dans son malheur.
N’est-il pas temps enfin que le vainqueur commence
À triompher des cœurs, s’il peut, par la clémence ?
Des cris du malheureux ne vous lassez-vous pas,
Et faut-il que le sang marque ici tous vos pas ?
Gustave a succombé (puisse, pour notre gloire,
Un semblable triomphe échapper à l’histoire !)
Enfin Gustave est mort, et tout vous est soumis.
Un coup infructueux joindroit la mère au fils.
La princesse m’implore et nous la redemande.
Pour l’intérêt commun souffrez que je la rende,
Seigneur ; et qu’une fois, vous ayant désarmé,
Je serve ce que j’aime, et puisse en être aimé !

christierne

Prince, on ose abuser de votre ministère.
Le rival de Gustave en doit craindre la mère ;
Le passé, ce me semble, à tous deux nous l’apprend,
Et c’est une imprudence en vous qui me surprend.