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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/114

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LE DÉBAUCHÉ CONVERTI.


Puissant médiateur, entre l’homme et la femme,
Qui, du plaisir secret, nous ourdissez la trame :
Des feux de Prométhée, ardent dispensateur,
Et de la gent humaine éternel créateur ;
Portassiez-vous encore un plus superbe titre,
Du bonheur de mes jours, vous n’êtes plus l’arbitre !
Ce plaisir violent, dont je fus enchanté,
D’un tourment de six mois est trop cher acheté.
Qu’un autre que moi, coure après ce vain fantôme,
J’en connais le néant, grâce à monsieur Saint Côme ;
Et ses sacrés réchauds, sont l’utile creuset,
Où, l’or faux du plaisir m’a paru tel qu’il est.

J’ai ruminé ces maux, que sur son lit endure,
Un pauvre mulassier tout frotté de mercure :
Des conduits salivant, quand les pores ouverts,
Du virus repoussé, filtrent les globes verts ;
Quand sa langue, nageant dans des flots de salive,
Semble un canal impur où coule une lessive.
Ah ! que sur son grabat se voyant enchaîné.
Un ribaud voudrait bien n’avoir pas dégaîné !
Qu’il déteste l’instant, où sa pompe aspirante,
Tira le suc mortel de sa cruelle amante !…
L’œil cave, le front ceint du fatal chapelet,
Le teint pâle et plombé, le visage défait,
Les membres décharnes, une joue allongée,
Sa planète atteignant son plus bas périgée ;