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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/116

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Et ce moine velu, avec prépuce en froque,
De trois rubis rongeurs, voit dérougir sa toque.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Triste et funeste coup ! Pouvais-je le prévoir

Qu’une fille si jeune eût pu me décevoir ?
Deux lustres et demi qu’un an à peine augmente.
Voyaient bondir les monts de sa gorge naissante ;
Un cuir blanc et poli, mais élastique et pur,
Tapissait le contour de son jeune fémur ;
À peine, un noir duvet, de sa mousse légère
Couvrait l’antre sacré, que tout mortel révère !
Les couleurs de l’aurore éclataient sur son teint ;
Elle aurait fait hennir le vieux moufti latin !…
Un front dont la douceur à la fierté s’allie,
La firent à mes yeux, plus vierge qu’Eulalie :
Aussi, combien d’assauts fallut-il soutenir,
Avant que d’en pouvoir à mon honneur venir !
À mon honneur ! je faux… disons mieux : à ma honte !
Après deux mois d’égards, de soupirs, je la monte.
Dieux ? quelle volupté, quand sur elle étendu,
Je pressurais le jus de ce fruit défendu !…
Sa gaine assez profonde, en revanche peu large.
Entr’elle et mon acier ne laissait point de marge
Le piston à la main, trois fois mon Jean-Chouard,
Dans ces canaux ouverts, seringua son nectar ;
Et trois fois la pucelle, avec reconnaissance,
Voitura dans mon sang, sa vérolique essence…
Mais quoi ! ma passion s’enflamme à ce récit ;
De mes tendons moteurs, le tissu s’étrécit,
Mes esprits, dans mes nerfs, précipitent leur course,
Et de la volupté courent ouvrir la source.