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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/128

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Le Pirate était jeune et beau ;
Le travail du chemin, l’humidité de l’eau,
Faisaient languir ses yeux et pâlir son visage.
Il avait l’air doux et discret :
On est tenté pour le secret.
Un attirail dévot ne rend pas toujours sage :
Si l’amour se servit des traits du Jouvenceau,
Pour frapper vivement le cœur de la pucelle,
(C’était un délicat morceau),
Elle ne parut pas moins belle.
On commença par les remercîments ;
L’étranger en savait bien faire ;
Un cœur qui s’attendrit ne se contente guère
D’une foule de compliments.
La nonnain dans ce lieu n’était pas nécessaire ;
Un ordre de l’abbesse aussi la fit sortir.
Elle commençait à s’y plaire ;
Mais pour quelque moment, il en fallut partir.

Dès que la porte fut fermée :
« Vous souffrez, — dit l’abbesse, — il faut vous reposer. »
Le galant connut bien qu’il pouvait tout oser :
Les nonnes dans le monde, ont bonne renommée.
Il ne fallut pas grand effort :
La guimpe se levait, on respirait plus fort,
Les yeux brillaient ; l’heure était arrivée
Que la place au vainqueur allait être livrée…

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. . . . . . . . . . . . . . . .


Mais sur cet endroit du tableau,
Il est fort à propos de tirer le rideau.