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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/135

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Notre beauté très-sensible à l’assaut,
Cherche la puce, en veut faire justice :
Mais Cupidon s’esquive par un saut,
Et, doucement, sous son corset se glisse,
Y fait carnage et n’en veut déloger.
Fillettes sont bons morceaux à gruger ;
L’Amour en fait souvent son ordinaire.
Si comme lui je savais me venger,
De par saint Jean ! je ferais bonne chère…

Agnès enfin déchire son corset,
Le jette au loin, arrache sa chemise,
Et montre au jour deux montagnes de lait.
Où, sur chacune, une fraise est assise.
Elle visite et regarde en tous lieux,
Où s’est caché l’ennemi qui l’assiège ;
Mais il était déjà loin de ses yeux,
Et lui mordait une cuisse de neige.
Ce dernier coup accroît ses déplaisirs ;
Elle défait sa jupe, tout émue :
Au même instant, mille amoureux zéphirs,
Vont caresser ce qui s’offre à leur vue ;
Et combattant en foule a ses côtés,
Par une heureuse et douce préférence.
Sauvent l’Amour d’une prompte vengeance,
Qui l’attendait au sein des voluptés.
À la faveur d’un saut, d’une gambade,
Le petit dieu soutient sa mascarade,
Aux barres joue, et sans cesse fend l’air ;
Il vient s’offrir lui-même à la belle ;
Puis il s’échappe aussi prompt qu’un éclair,
Et fait cent tours de vrai polichinelle.