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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/136

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Pendant ce jeu, vers un jeune taillis,
L’amour lorgnait un portail de rubis,
Fief en tous lieux, relevant de Cythère,
Mais que la belle, injuste et téméraire,
Avec chaleur disputait à Cypris.
Plus mille fois que la nature humaine
Les immortels sont jaloux de leurs droits.
Puis, il était question d’un domaine
À faire seul l’ambition des rois.

Dans cette enceinte, aux alarmes, fermée,
Régnaient en paix les délices des sens ;
Il y coulait une source enflammée
De pâmoisons et de ravisse mens…
Contre tel fort, besoin est de courage :
L’Amour en a bonne provision.
Il fait l’attaque, il force le passage,
Et prend d’assaut ce charmant apanage,
Malgré l’effort de la rébellion.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Calmez, Agnès, ce courroux qu’on voit naître,

« Ne craignez rien pour ce charmant séjour :
« Si le premier, l’Amour s’en rend le maître,
« C’est un tribut qui n’est dû qu’à l’Amour. »
vaines raisons ! on court à la vengeance
Un doigt de rose, à cet effet armé,
Tient lui tout seul, l’ennemi renfermé :
Et le pressant, l’attaque à toute outrance.
Cupidon fuit par un étroit sentier ;
On le poursuit ; l’attaque est redoublée :
Le doigt vengeur met l’alarme au quartier,
Et la demeure en est toute troublée.