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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/137

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Les citoyens de ce séjour heureux,
Les doux plaisirs, les charmantes ivresses,
Jusques alors oisifs et langoureux,
Par ce combat sortent de leurs mollesses.
Chacun, d’un vol badin et caressant,
S’empresse autour de son aimable mère,
Répand sur elle un charme ravissant,
Et lui fait tôt oublier sa colère.
ce doigt vengeur, au meurtre destiné,
Fait sous ses coups, naître mille délices ;
L’Amour lui-même en est tout étonné,
Et se repent déjà de ses malices :
Il craint de voir son trône abandonné,
Et ses autels privés de sacrifices.
De son palais, enfin, la Volupté,
Sur l’œil d’Agnès pousse une sombre nue…
Elle se pâme ;………
……… elle tombe éperdue !

. . . . . . . . . . . . . . . .

L’Amour s’échappe et court épouvanté

Remplir Vénus d’une alarme imprévue…

. . . . . . . . . . . . . . . .

De son extase, à peine revenue,

L’aimable enfant recommença ce jeu ;
Elle y prit goût ; et par elle, dans peu,
Par l’univers la science en fut sue.
Mais nuit et jour, chez le peuple nonnaîn,
Il fut en vogue : et cette heureuse histoire
Fut aussitôt écrite sur l’airain,
Pour en garder à jamais la mémoire !!!