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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/144

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« L’on admire, l’on rend justice à votre titre ;
« Vous méritez beaucoup, lui dit le président ;
« Père Tapeux, calmez ce noble emportement ;
« C’est assez, Révérend, contenez ce tonnerre,
« Vous avez effrayé tout notre monastère ;
« Votre engin à son tour doit être mesuré,
« Et s’il est le plus long, il sera préféré.
« Père examinateur, commencez votre ronde ;
« Que chacun fasse voir sur quel titre il se fonde,
« Qu’on enregistre tout, la taille et la grosseur ;
« Qu’on fasse mention de l’exacte longueur
« Et du tour du bretteur ; surtout, qu’on examine
« Les couilles et les vits, jusque à leur racine ;
« Enfin, ce que chacun montrera de vigueur,
« Soit, dans votre examen, produit en sa faveur. »
Et Père Brisemotte et Père l’Enfonceur
Ont leurs engins égaux en longueur, en grosseur ;
Également bandant, ils ont des reins de diable :
Les couillons sont égaux ; enfin tout est semblable.
Mais comment faire un choix, où tout paraît égal ?
Il faut pourtant que l’un des deux soit général.
« — Pour nous tirer, — dit l’un, — de cette incertitude,
« Mettons-les tous les deux, à quelqu’épreuve rude :
« Pour choisir sans scrupule et sans prévention,
« Faisons venir ici, jeune fille et garçon :
« Sur l’un et l’autre, exerçons leur courage,
« Nous verrons, qui des deux, prend mieux un pucelage ;
« Lequel, en fouterie, est meilleur ouvrier ;
« En un mot, qui des deux, est meilleur cordelier. »

Bientôt, après ces mots, on présente à la salle
Un jeune Ganimède, et très-jeune vestale