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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/149

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Alix oublie, en si douce aventure,
Que le temps fuit, qu’onze heures ont sonné ;
Et c’est le temps qu’à l’autre elle a donné.
Elle l’ouït qui frappait à la porte.
« Ah ! c’en est fait, — ce dit-elle au premier,
« C’est mon époux. S’il vous voit, je suis morte ;
« Vite montez en haut dans le grenier. »
Lui d’y monter. Au survenant elle ouvre.
Qui, bien se doit croire le seul tenant,
Tant est reçu de visage avenant ;
Quand, par un trou qu’en son grenier découvre,
celui d’en haut avec surprise voit.
Au lieu d’époux, un autre amant qu’elle aime,
Ou tout au moins qu’elle traite de même.
Voyant le fait, à grand’peine il le croit.
Mais quelle fut de tous trois la surprise,
Lorsque l’époux heurte ! Et voici la crise :
Il faut ouvrir. Où mettre le second ?
Bien que le sexe en moyens soit fécond,
Un seul s’offrit : sous le lit on le cache,
Et puis on ouvre à l’époux attendant.

De quoi d’abord en entrant il se fâche ;
Puis son soupçon s’accroît, en regardant
Meubles foules par l’enfant de Cythère.
« Voyez ce lit, et par quel accident
« Ces draps froissés ? » Alix a sa colère
Oppose un air dédaigneux et hautain.
« Vous méritez, — dit-elle, une catin,
« Sur tels soupçons qui daignât vous répondre. »
Lors y perdant le juge son latin,
Et ne trouvant assez pour la confondre,