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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/150

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Elle triomphe, et le poussait à bout :
Il dit enfin, excédé par sa femme,
Parlant de Dieu qu’à son aide il réclame :
« Un jour Celui de là-haut paiera tout. »
À ce discours, l’homme au grenier s’écrie :
« Eh ! pourquoi donc moi tout seul, je vous prie ?
« Celui d’en bas doit-il pas la moitié ? »
Reconnaissant la voix qui l’interpelle,
Celui d’en bas parut dans la ruelle :
« Sortons, — dit-il, — ami, tout est payé ;
« Notre présence ici n’est nécessaire. »
À donc sortit le couple favori,
Qui laisse là la femme et le mari
Vider le cas : ce n’était leur affaire.


LES BOTTES

CONTE.

Deux voyageurs séjournèrent à Tours :
Tous deux étaient dans l’âge des bons tours,
Plus curieux de bonnes aventures,
Que de palais, monuments et peintures.
Gentille hôtesse, époux lourd et mutin,
À point nommé font les honneurs du gîte ;
Pour peu qu’amour veuille y prêter la main,
J’ose assurer plaisante réussite.
Voilà d’abord l’un de nos deux galans
De mainte œillade agaçant la commère ;
Tendres façons, petits soins et sermens
Sont en campagne, et puis faveur légère,