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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/152

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Que le mari, qui montait sans dessein,
Approche l’œil du trou de la serrure :
Il eût mieux fait de suivre son chemin.
Qu’aperçoit-il ? Pèlerin en posture,
Et par-dessous bottes en mouvement,
Bottes sans plus, rien ne vit plus avant.
En cet endroit la chronique est perplexe,
Aucuns ont dit que l’époux, par raison
De sympathie, et sans soupçon de sexe,
Sentit au front quelque démangeaison.
Or reprenons le fil de l’aventure.
À cet objet, je te laisse penser,
Lecteur prudent, l’étrange conjecture
Qui chez l’époux vint soudain se glisser.
« Quelle fureur ont ces gens-ci dans l’âme ! »
— Se disait-il. — « Prêterai-je mes lits.
« Pour assouvir leur passion infâme !
« Ils porteront malheur à mon logis. »

Tout de ce pas, de peur d’être complice,
Notre homme court avertir la justice.
Le juge vient : une escorte le suit.
Pendant ce temps, sans rompre la cadence,
Le pèlerin avait repris la danse,
Heureux qui met chaque instant à profit !
Botte jamais ne fut à telle fête.
Il n’était plus mention de crier ;
À tout aussi sut-on bien se plier
Pour partager les fruits du tête-à-tête.
Le tour pourtant n’était qu’à bonne fin,
Faute de mieux, et je le crois de même.
Dandin regarde, ensuite tout l’essaim ;