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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/34

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Qu’on trouve aux Heures de Cythère
Tout auprès serpente un ruisseau
Qui semble dire en son langage :
— Profitez de votre bel âge ;
Saisissez les moments heureux
Que le ciel accorde à vos vœux.
Ainsi que fuit cette onde pure,
Le temps s’échappe sans retour ;
Suivez la loi de la nature,
Elle vous présente un beau jour.

Au-dedans de cette chapelle,
Où vient souvent troupe fidèle,
Aucun portrait n’est étalé.
Hors celui de saint Guignolé.
Sans draperie et toute nue,
Mais pleine de cette fierté
Que sait donner la volupté,
Paraît en un coin sa statue.
Tout ce qui peut d’un corps parfait
Offrir l’image intéressante,
S’y trouve assemblé trait pour trait.
Le sculpteur à la main savante,
Par un chef-d’œuvre de son art,
A surtout formé Jean-Chouard
Dans une attitude si belle,
Si touchante et si naturelle,
Qu’il n’est Lucrèce à son aspect
Qui ne frémisse de respect.
Or, ne présumez qu’à la vue
Tout son mérite soit borné ;
Au nouveau Priape est donné