Maître baudet pète sans honte ;
Il savait par cœur sa leçon.
À cette espèce d’exercice,
Jadis l’avait dressé Colas
Pour certaine dame Thomas.
Martin avait fait son office,
Colas descend ; point de quartier.
Elle eut beau cent fois le prier ;
Il l’emporte, il sue, il travaille :
Et d’une sanglante bataille,
Il revient couvert de laurier.
Tous deux remontent ; la fillette
Rajuste mouchoir et cornette ;
Bientôt après, le villageois,
Tournant vers elle le minois,
Fut surpris de la voir plus belle.
Tout aussitôt, ardeur nouvelle,
Coups dans les flancs, et nouveau son
De la part du seigneur grison.
À la troisième pétarade,
Catin vous fait une gambade,
Tire Colas par ses habits,
Et lui montre un prochain taillis.
Ce bois lui donna l’estrapade ;
Il en revint pâle, défait,
Et jurant contre le baudet.
Il n’était au bout. La fillette
Talonne Martin, Martin pète.
Lors dit Catin : — N’entends-tu pas ?
— Quoi ? répond l’autre… — L’aze… écoute !…
— « Si l’aze pète, — dit Colas ;
« Par sanguié ! que l’aze te foute ! »
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