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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/67

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LES BELLES JAMBES.


Colin, poussé d’amour folâtre,
Regardait à son aise, un jour.
Les jambes plus blanches qu’albâtre
De Rose, objet de son amour.
Tantôt il s’adresse à la gauche ;
Tantôt la droite le débauche.
« Je ne sais plus, — dit il, — laquelle regarder ;
« Une égale beauté, fait un combat entr’elles. »
— Ah !… lui répliqua Rose, — ami, sans plus tarder,
Mettez-vous entre deux pour finir leurs querelles !


SERMON CONTRE LE PÉCHÉ DE LA CHAIR.


Ô mes chers paroissiens ! ô brebis déplorables !
— S’écriait un curé prêchant contre la chair ; —
Si ce péché qui vous met en enfer,
Avait des moments plus durables,
S’il pouvait se perpétuer
Cent ans, cinquante, dix, un seulement sans pause,
Même pendant un mois, sans discontinuer,
Encor ce serait quelque chose ;
Mais en bien moins de temps, vous êtes condamnés !
Ô nature fragile ! ô faiblesse de l’homme !
Savez-vous en combien votre arrêt se consomme ?
Je vous en avertis, pécheurs infortunés :
Et zague ! zague ! zague ! et vous voilà damnés !!!