Aller au contenu

Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Par un excès d’ardeur, nos forces suspendues,
Nos corps entrelacés, nos âmes confondues,
Nous ont laissés livrés, aux plaisirs les plus doux,
inconnus aux mortels moins amoureux que nous !


LE MARI RAISONNABLE.


Roland, allant faire voyage
Laissa son épouse à Paris.
Elle, usant des droits du veuvage,
Pour un, retrouva dix maris.
À son retour ; en homme sage,
Roland, loin de faire tapage,
Comme tant d’époux convaincus,
Par leur faute, de cocuage,
Dit, l’exploitant de grand courage :
« Ah ! que je fais là de cocus ! »


LE SCRUPULE BIEN PLACÉ.

CONTE.

Certain curé rencontrant son vicaire,
Grand débauché qui courtisait Cataut,
Un jour de Vierge : — Ah ? — dit-il en colère,
En ce saint jour paraître aussi ribaud !
Tu m’as promis qu’au moins, quand serait fête
Tu abstiendrais… — « Je sais, — dit le coquin,
« Ce qu’ai promis ; car n’est le tête-à-tête
« Pour aujourd’hui ; j’ai remis à demain. »