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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/93

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Dit le vieillard. Mais las ! le pauvre hère
sentit sa chair encor plus regimber.
« Vertu du froc ! succombez-y donc, frère,
« Tant que d’un an, n’y puissiez retomber. »

IX

Par un matin, d’une jeune dévote,
Frère Richard, le petit cas oyait,
Et par un trou, promenait sous sa cotte,
Sa douce main dont il la chatouillait ;
De quoi, la niaise en larmes, lui disait :
« Priez pour moi… mon Père… je suis morte ;
Le diable m’entre au… corps… par cette porte
Que vous savez. » — « Gardez de résister,
Dit le frater, — il faudra bien qu’il sorte,
Quand dans tel lieu sera las d’habiter. »

X

Un couple amoureux s’exerçait
Au jeu d’amour, dans un bosquet,
Croyant n’avoir que les dryades
Pour témoins de ses accolades.
Au plus fort du trémoussement,
Quelqu’un parut. — Ah ! — dit l’amant,
Fuyons. — Nenni, répond la belle,
Va ton train. — Mais on nous verra ? —
Eh ! qu’importe, — répliqua-t-elle,
Je ne connais point ces gens-là. »