Page:Pitou - Voyage à Cayenne - Tome 1.djvu/17

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moi vers Paris. La famine s'y faisoit déjà sentir; tout étoit en rumeur; chaque jour les rues étoient illuminées, tout le monde étoit sous les armes, dans l'attente et dans l'effroi d'une prétendue armée de brigands invisibles, qui, chaque nuit, marquoient les maisons, couroient les campagnes et affamoient les villes. Quinze jours auparavant, Louis XVI et sa famille avoient été trainés aux Tuilleries par le peuple affamé, qui avoit, disoit-il, conduit promptement dans sa ville, le boulanger, la boulangère et le petit mitron. Ainsi Paris, à cette époque, étoit le cratère d'un volcan prêt à faire éruption. Les gens riches se sauvoient ou dans les campagnes, ou dans les pays étrangers; et ceux que leurs affaires ou leur commerce y retenoient restoient claquemurés et enfermés comme s'ils fussent morts au monde. Un morne silence rembrunissoient tous les fronts; la famine et le trouble augmentoient chaque jour; la police étoit désorganisée. Tous