pas encore fait entrer en ligne de compte l’imminence d’un soulèvement général de vos sujets chrétiens, quatre fois plus nombreux en Europe que les sectateurs de l’islam ; mais aujourd’hui tous les hommes d’État commencent à se préoccuper de ce péril pour votre dynastie, péril qui leur semble ne pouvoir que grandir désormais ; et vos conseillers eux-mêmes, effrayés de ses progrès, n’ont pu continuer à entretenir Votre Majesté dans une trompeuse sécurité.
Avec ce désir du bien qui fait votre gloire, Sire, vous avez aussitôt libéralement décrété des réformes empruntées à la civilisation chrétienne ; mais la contradiction forcée qui résulte de leur esprit, comparé à celui de la religion de Votre Majesté, a fait douter autour de vous de votre spontanéité ; le mauvais vouloir s’est abrité derrière le fanatisme mahométan, et il en sera toujours ainsi, tant que le prince ne sera pas chrétien, pour tout emprunt que sa sagesse voudra faire à cette civilisation.
Sire, les réformes que vous avez décrétées sont à l’état d’ébauche et de lettre morte ; et de ces tentatives il n’est resté qu’un accroissement de confusion et de désordre qui rend de plus en plus imminente la catastrophe que prévoient les meilleurs esprits ! Vos sujets chrétiens, trompés dans leurs légitimes espérances, s’agitent d’autant plus que ces réformes ont à jamais déchiré le voile de l’ancien prestige de votre race. Ce voile, en masquant la dégénérescence des Ottomans et leur impossibilité,