Page:Pitzipios-Bey - L’Orient, les réformes de l’Empire byzantin, 1858.djvu/15

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l’action à celle de la pensée, sinon toute amélioration est impossible, et votre dynastie disparaîtra à la première secousse politique.

Le courage et l’énergie de votre glorieux prédécesseur le sultan Mahmoud, votre père, n’ont pu renverser la barrière élevée par les temps, les préjugés et les basses passions contre toute idée d’innovation. Cet honneur vous était réservé.

La destruction des déré-beys et la dissolution du corps des janissaires ont rendu plus facile à Votre Majesté l’anéantissement des obstacles visibles ; mais les obstacles moraux résistent, encore intacts, à tous les efforts. Sopper courageusement l’alarme sur l’abîme qui peut au premier moment les engloutir, c’est vouloir, Sire, le salut de Votre Majesté et celui de votre empire. Vos ennemis sont ceux-là qui, en exaltant des réformes incohérentes et en dissimulant leurs trop désastreux résultats, osent transformer en hommes d’État des brouillons sans valeur comme sans conscience.

Je n’ignore point que par ma franchise et ma hardiesse je ne me mets que trop dans l’impossibilité de reparaître d’ici à quelque temps, avec sûreté, sur le sol natal.

Mais que m’importe de ne pouvoir coopérer à l’ouvre dont j’ai rêvé toute ma vie l’accomplissement, si quelque autre, s’aidant des leçons du passé et du fruit de mes études, restaure enfin l’empire byzantin !… Du fond de