Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/104

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tème, Kant déclare impossible la connaissance sans causalité parce que la raison se crée, avant toute expérience, la catégorie du concept de cause, cette raison créatrice, considérée à la lumière du positivisme, n’est tout de même que la raison humaine et son œuvre est et demeure l’œuvre des hommes. L’homme est la mesure de toutes choses, disait déjà Protagoras. Nous avons beau faire et nous tourner de tous les côtés, nous ne parvenons pas un seul instant à sortir de notre peau et, si hardies que puissent être nos incursions dans le domaine de ce que nous appelons l’absolu, elles ne se meuvent toutes, en vérité, qu’à l’intérieur du cercle délimité, pour nous, par l’ensemble de nos faits de conscience.

Pour incontestablement concluantes en un certain sens que ces réflexions paraissent, on peut leur faire bien des objections au point de vue de la philosophie transcendantale. À chaque thèse succède ainsi son antithèse, par un changement sans cesse renouvelé, et la chanson n’aboutit qu’à renforcer cette vérité que nous connaissons déjà d’avance : la question de l’essence et de l’application universelle de la loi de causalité ne peut pas être résolue par la réflexion d’une façon décisive et que tout le monde reconnaisse pour telle. La théorie transcendantale et la théorie positiviste sont inconciliables et le resteront tant qu’il y aura des cerveaux indépendants et qui philosopheront.

III

Dans ces conditions nous n’avons plus guère d’espoir, semble-t-il, de voir jamais s’ouvrir devant nous la perspective de résoudre notre problème d’une façon satisfaisante. Ou bien pourtant n’y a-t-il pas encore un chemin de salut, une issue à ce cercle désolé ? N’est-il pas possible de découvrir encore une solution que l’on soit en droit de considérer comme décisive ?

Nous avons assurément encore un endroit où une issue pourrait se trouver, un endroit que nous n’avons pas pris jusqu’ici particulièrement en considération. Interrogeons la science. Se divise-t-elle en multiples branches à l’égard