Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/11

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où elle se trouve aujourd’hui avec ce qu’elle était autrefois. Et si l’on me demandait alors quel est le meilleur critérium externe pour apprécier à quel stade de son évolution une science est parvenue, je ne saurais en indiquer de plus général, que la manière dont cette science définit ses concepts fondamentaux et la façon dont elle comprend le partage de son domaine. Aux yeux de quiconque veut réfléchir, la précision et la propriété de ses définitions, les subdivisions parfaitement délimitées à l’intérieur de son domaine, sont en effet, dans chaque science, ce qui renferme les résultats ultimes et les conclusions les plus mûres du travail de ses savants.

Voyons maintenant comment la physique d’autrefois s’est comportée à ce point de vue. Ce qui frappe tout d’abord, c’est que toutes les questions de physique, dans n’importe quelle branche se rattachent, soit à des besoins d’ordre immédiatement pratique, soit à des phénomènes naturels particulièrement remarquables. C’est en se plaçant à ces deux points de vue que l’on a divisé la physique en ses différentes branches. La géométrie, par exemple, tire son nom de la mesure des surfaces terrestres et de l’arpentage des champs ; la mécanique, de la construction des machines ; l’acoustique, l’optique et la théorie de la chaleur, des sensations spécifiques correspondantes ; l’électricité, des phénomènes remarquables observés quand on frotte de l’ambre ; le magnétisme, des propriétés singulières d’un minerai de fer qui s’extrayait dans le voisinage de la ville de Magnésie. D’ailleurs, conformément à l’axiome qui veut que toute notre expérience résulte des perceptions de nos sens, il est évident que la part du physiologique dans toutes les définitions de la physique est prépondérante ; en un mot, tout dans la physique, aussi bien les définitions que la structure tout entière, possède alors, en un certain sens, un caractère anthropomorphique.

Combien différent est aujourd’hui l’aspect de l’ensemble doctrinal formé par les théories de la physique ! Tout d’abord cet ensemble offre un caractère d’unité beaucoup plus accentué. Le nombre des branches partielles dont se compose la physique est devenu moindre et cela parce que chaque canton, s’est annexé un canton voisin :