Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/113

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valeurs isolées et leur applique les lois dynamiques dont le sens est parfaitement précis. Si nous considérions microscopiquement le coup de dés, pris par nous pour exemple tout à l’heure, c’est-à-dire si nous connaissions exactement dans chaque cas particulier, outre la structure du dé, sa position et sa vitesse initiales, aussi bien que les influences extérieures du dessus de la table et de la résistance de l’air, il ne serait plus question de hasard ; mais nous serions chaque fois en mesure de calculer avec précision le lieu et la position dans lesquels, en fin de compte, le dé s’arrêterait.

Il n’est pas besoin d’exposer ici, plus en détail, que la science physique, en ce qui concerne tous les phénomènes du monde moléculaire et atomique, cherche à nous ramener autant que possible de la méthode macroscopique, qui s’offre toujours naturellement la première en ce domaine, à la méthode microscopique et, par suite, des lois statistiques à l’application sévère et rigoureusement causale des lois dynamiques. L’on peut dire, par conséquent, que la physique, à qui nous sommes en droit de joindre ici l’astronomie, la chimie et la minéralogie, prend comme base, dans tous ses domaines l’application rigoureuse de la loi de causalité.

Nous en venons maintenant aux lois biologiques. Ici les relations sont beaucoup plus compliquées, de ce fait surtout, que deux concepts nouveaux entrent en jeu : celui de la vie et celui de l’évolution qui ont suscité dès longtemps à la recherche scientifique les plus grandes difficultés. Il me sera permis cependant, quoique je ne puisse plus, sur ce chapitre, parler comme spécialiste, d’affirmer sans hésiter que la recherche biologique, elle aussi, et précisément en ses parties les plus obscures comme, par exemple, la théorie de l’hérédité, en vient de plus en plus à admettre l’existence universelle de relations strictement causales. Un hasard au sens absolu, ou ce qui revient au même, un prodige, c’est ce que la physiologie ignore tout autant que la physique quoique, à vrai dire, la méthode microscopique soit pour elle de beaucoup plus difficile à pratiquer jusqu’au bout. Aussi la plupart des lois physiologiques sont-elles du genre statistique et dénommées règles. Quand on observe des exceptions à ces règles empi-