Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/120

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un jour, en mémoire du fondateur de la mécanique céleste un esprit laplacien) — ; pour cet être, les œuvres Créatrices de nos héros de l’esprit seraient soumises à des lois tout aussi puissantes et immuables que celles qui se manifestent de nos jours aux regards de l’astronome lorsqu’il observe au télescope les mouvements multiples et divers du ciel étoilé.

Nous devons d’ailleurs, pour les phénomènes spirituels, comme pour tous les autres, distinguer entre l’application et la constatation permanente de la loi de causalité. Applicable, cette loi le demeure en toute circonstance, grâce à son caractère transcendental ; constatable en permanence, elle ne l’est que pour un esprit dont l’intelligence surpasse, dans une certaine mesure d’une grandeur peu commune, l’intelligence de l’esprit à explorer, de l’objet soumis à la recherche. Plus faible est cet écart, plus incertaine aussi et plus lacunaire devient l’étude causale et par là même l’étude scientifique. C’est de là que vient, pour nous, la difficulté, bien plus, l’impossibilité de comprendre, du point de vue de la causalité les pensées et les actes d’un génie. Même un esprit également génial est obligé, pour y parvenir, d’appeler à son aide des interprétations, des présomptions des déductions analogiques ; et, pour l’imbécile, le génie demeurera toujours un livre fermé de sept sceaux.

L’homme le plus haut placé quant à l’esprit est donc, malgré tout, lui aussi, assujetti dans toutes ses activités à la loi de causalité et l’on doit, à tout le moins en principe, compter constamment avec la possibilité de voir un jour la recherche scientifique, à force de pénétrer sans cesse plus profondément et de s’affiner toujours davantage, réussir finalement à comprendre, même la plus géniale créature humaine dans son conditionnement causal, car la pensée scientifique exige, encore une fois, la causalité. Aussi pensée causale et pensée scientifique s’équivalent-elles, le but dernier de la science étant de mener jusqu’au bout dans toute sa plénitude la recherche des causes.