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CHAPITRE VI

DU RELATIF À L’ABSOLU

S’il m’arrive de jeter un regard sur l’état où la science se trouvait quand je m’orientais définitivement vers elle, je puis mesurer la distance énorme qui a été franchie depuis lors. Un demi-siècle a suffi pour changer de fond en comble le visage de la physique. Au début de mes études dans cette science, j’étais en quête d’éclaircissements sur les conditions de mes futures études et sur les perspectives qui pouvaient s’ouvrir à moi et j’allai prendre conseil auprès de mon vénéré maître Philipp von Jolly. Ce dernier me donna la physique pour une science déjà parvenue à un haut degré de développement et presque arrivée à complète maturité. Le principe de la conservation de l’énergie en ayant été en quelque sorte le couronnement, la physique ne pouvait tarder à recevoir sa forme définitive. Il y avait bien, çà et là, quelques petits coins où tout n’était pas parfaitement en ordre ; mais, pris dans son ensemble, le système devait être tenu pour suffisamment assuré, de telle sorte que la physique se rapprochait très sensiblement de l’état de perfection où la géométrie était déjà parvenue depuis des siècles.

Telle était l’opinion d’un physicien éminent, il y a une cinquantaine d’années. Certes, il ne manquait pas alors de points ayant besoin d’être élucidés et leur existence n’était pas sans troubler quelque peu l’impression d’agréable quiétude procurée par l’ensemble. C’est ainsi que le comportement de l’éther lumineux résistait opiniâtrement à toutes les tentatives d’explication. De même, les rayons cathodiques, découverts à la même époque par Wilhelm Hittorf, posaient nombre d’énigmes aux théoriciens. Hein-