Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/135

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résolues par la logique. Tout ce qu’on peut dire c’est que certaines séquences régulières, empiriques, ne peuvent être comprises sans l’axiome. Mais le puriste pourra toujours déclarer que ces séquences sont purement fortuites et sur cette position il sera toujours inattaquable. Il est vrai que le dynamisme de l’effort scientifique se soucie peu de l’en déloger et qu’il continue sa marche en avant. C’est un fait qu’il en a toujours été ainsi et il y a bien des chances qu’il en soit encore fréquemment de même.

Pour en revenir à la question des poids atomiques, des correspondances empiriques furent découvertes peu à peu en si grande abondance que la question de leur valeur absolue fut très vite tranchée dans le sens affirmatif. Je me bornerai à rappeler ici le développement de la théorie cinétique des gaz et des liquides, les lois des rayonnements thermiques et lumineux, la découverte des rayons cathodiques et de la radioactivité et la mesure du quantum élémentaire d’électricité. Par toutes ces voies, on est conduit à attribuer la même valeur au poids atomique. C’est pourquoi aujourd’hui l’affirmation que le poids d’un atome d’hydrogène est égal à 1,65 quadrillionième de gramme ne soulève-t-elle plus d’objections de la part d’aucun physicien. Ce nombre est indépendant de la valeur des poids atomiques des autres éléments : en ce sens on peut donc le regarder comme un absolu.

Si je rappelle ainsi des choses bien connues, c’est seulement en vue d’attirer l’attention sur un phénomène caractéristique présenté par l’évolution des sciences et que l’on voit se reproduire à propos de questions très différentes. Dans tous les domaines de la science, on rencontre en effet des axiomes et, dans tous les domaines aussi il y a des puristes qui s’opposent de toutes leurs forces à tout élargissement de ces axiomes qui ne soit pas un développement strictement logique. En parlant de ces autres cas, je serai finalement amené à aborder des questions qui ne seront pas aussi claires que celle que je viens de traiter. Parmi ces dernières il y en a même qui sont encore aujourd’hui des sujets de discussions très vives.

Je m’arrêterai tout d’abord à la notion d’énergie. Le principe de la conservation de l’énergie est sorti du principe mécanique des forces vives. Ce principe affirme que