Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/141

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tout à fait précise d’un nombre discret d’états possibles et par là même d’une valeur absolue de l’entropie, sans encourir la contradiction des physiciens les plus en vue.

En fait, le nouvel axiome des quanta est en état de produire un faisceau de conséquences heureuses, lui permettant de rivaliser avec les théories les mieux établies. Dans la théorie de la chaleur rayonnante, il a conduit à l’établissement de la loi de répartition de l’énergie dans le spectre normal ; en thermodynamique il se traduit par le théorème de Nernst qu’il complète d’ailleurs, en ce sens qu’il permet, non seulement de prévoir l’existence, mais encore de calculer la grandeur numérique des constantes chimiques. En ce qui concerne les questions de structure atomique, le même axiome a été le point de départ des idées de Niels Bohr dans l’établissement de sa théorie des trajectoires stationnaires des électrons. C’est donc lui qui a permis d’élucider les phénomènes spectroscopiques. Devant les généralisations de plus en plus grandes dont il est la source, on peut prévoir, sauf illusion toujours possible, une évolution de la physique future que l’on pourrait caractériser en un certain sens comme en étant l’arithmétisation. Il arrive, en effet que nombre de grandeurs physiques qui étaient considérées, jusqu’ici, comme continues se révèlent au contraire comme étant discontinues et résolubles en séries dénombrables, quand on les soumet à une analyse plus serrée. Un résultat bien remarquable et tout à fait dans la ligne de cette évolution a été obtenu, grâce aux études sur les rapports d’intensité des composantes des multiplets spectraux ; études entreprises à l’Institut de Physique d’Utrecht sous la direction de L. Ornstein. Les rapports d’intensités pourraient être exprimés par des nombres entiers simples. Nous citerons aussi la tentative toute récente de Max Born en vue de transformer les équations différentielles de la mécanique classique en équations aux différences finies.

Ces quelques considérations tirées de différents cantons de la physique nous ont fait voir qu’on peut en faire ressortir un trait commun. On pourrait le caractériser en disant que certaines grandeurs physiques auxquelles, primitivement, on ne pouvait attribuer qu’une valeur relative en raison de l’idée que l’on s’en faisait, ont acquis une