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un nombre réel à un nombre imaginaire pour former un nombre complexe. À cet égard, la théorie de la relativité est à la physique moderne ce que l’œuvre de Gauss fut, au siècle dernier, pour les mathématiques.

Nous pourrions même pousser cette comparaison plus loin, en remarquant qu’en physique le passage de la relativité spéciale à la relativité généralisée est analogue à ce qu’est en mathématique le passage de la théorie des fonctions linéaires à la théorie générale des fonctions.

Sans doute, cette comparaison est un peu boiteuse, comme toutes les autres, elle est cependant une image exacte du fait que l’introduction de la théorie de la relativité dans l’image représentative physique de l’univers a été une des étapes les plus importantes de la route de la physique vers son unification parfaite. Ceci ressort des conséquences que cette introduction a entraînées : tout d’abord l’assimilation de l’énergie à la quantité de mouvement, ensuite la réduction du concept de masse à celui d’énergie, entrainant l’identification de la masse pondérable à la masse, coefficient d’inertie ; et enfin, la réduction des lois de la gravitation à la géométrie de Riemann.

Si courts que puissent être de pareils aphorismes, il n’en est pas moins vrai que leur contenu est pour ainsi dire inépuisable. Leur importance s’étend à tous les phénomènes naturels, des plus grands aux plus petits. Ils s’appliquent aux atomes radioactifs qui émettent des ondes et des corpuscules et aux mouvements des corps célestes dont nous séparent des millions d’années de lumière.

L’édification de la théorie de la relativité n’est pas encore complètement terminée et il ne semble pas que le dernier mot ait été dit à son sujet. On sait que le problème de l’unification de l’électrodynamique et de la mécanique n’a pas encore reçu de solution définitive et cela donne à penser que l’avenir pourrait nous réserver quelques surprises. Les conséquences cosmologiques de la théorie de la relativité ne sont pas non plus tirées au clair ; elles dépendent en effet de la question, non encore tranchée, de savoir si la densité de répartition de la matière répandue dans l’univers doit être considérée comme finie ou comme infinie. En tout cas, quelle que soit la solution qui sera apportée au problème, il est d’ores et déjà acquis que le principe