Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/183

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de relativité a porté la physique classique à son plus haut point de perfection et que l’image représentative de l’univers qui est son œuvre est, au point de vue formel, d’une cohérence particulièrement satisfaisante. En conséquence, je me crois autorisé à ne pas m’arrêter davantage à la théorie de la relativité. Je me bornerai à inviter le lecteur à se reporter aux nombreux ouvrages qui existent sur ce sujet. Quelle que soit sa formation scientifique, il en trouvera qui sont à sa portée.

III

Tel un phare dont la lumière serait trop éblouissante, l’hypothèse des quanta est venue d’une façon tout à fait inattendue bouleverser toute cette belle harmonie et porter le trouble dans une conception de l’univers qui semblait presque idéalement parfaite. Si nous cherchons à caractériser en deux mots l’idée directrice qui est à la base de cette hypothèse, nous dirons qu’elle consiste dans l’introduction d’une nouvelle constante universelle : le quantum d’action élémentaire. Cette constante, dans laquelle il faut voir un nouveau messager mystérieux venu du monde réel, nous contraint, avec une insistance de plus en plus obstinée, à lui faire une place en physique. Elle est pourtant si peu adaptée au cadre de l’ancien système de l’univers que son introduction dans la place a fini par faire sauter tous ces cadres qui se sont trouvés être trop étroits.

Il y eut une époque où il sembla qu’une faillite totale de la physique classique n’était pas en dehors du domaine des possibilités. Cependant, peu à peu (et cela ne pouvait faire de doute pour quiconque croit au progrès continuel de la science), on s’aperçut qu’il ne s’agissait pas d’une destruction, mais d’un remaniement, à vrai dire, très profond, dans le sens d’une généralisation. En effet, si l’on suppose que le quantum d’action est infiniment petit, la physique des quanta se transforme en la physique classique et, d’autre part, les pierres fondamentales de l’édifice constitué par cette dernière, non seulement demeurent inébranlables, mais encore se trouvent être cimentées plus solidement que jamais par l’apport des idées nouvelles.