Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/184

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Nous allons examiner maintenant ces idées de plus près.

Les constantes universelles, comme la constante de la gravitation, la vitesse de la lumière, la masse et la charge des électrons et des protons qui sont bien les signes les plus manifestes du monde réel, conservent leur signification dans la conception nouvelle de l’univers. De plus, les grands principes de la conservation de l’énergie et de la quantité de mouvement, bien qu’ils aient été récemment mis en doute, ont été confirmés pleinement, jusque dans leurs moindres détails, ce qui prouve, soit dit en passant, que ces principes ne sont pas de simples définitions comme certains axiomatistes le prétendaient. De même, les principes de la thermodynamique, le second en particulier, ont été précisés encore davantage, puisque l’entropie a acquis une valeur absolue. Enfin, la relativité s’est montrée un guide très sûr pour l’exploration du domaine de la physique des quanta.

On sera donc tenté de dire : si tous ces fondements de la physique classique sont demeurés intacts : qu’est-ce donc qui a changé du fait de l’apparition de la nouvelle physique ? La réponse à cette question nous sera apportée très simplement si nous examinons ce que signifie la notion de quantum élémentaire d’action. Cette notion se réduit en définitive à poser en principe l’équivalence d’une énergie et d’une fréquence vibratoire : E = hν. Or cette équivalence n’a aucun sens du point de vue de la théorie classique. Tout d’abord, il saute aux yeux qu’une énergie et une fréquence vibratoire ont des dimensions différentes, l’énergie est en effet une grandeur dynamique et la fréquence vibratoire une grandeur cinématique. Cependant l’objection n’est peut-être pas tout à fait décisive ; car si, par le postulat quantique, la dynamique est rattachée d’une façon immédiate à la cinématique et, par voie de conséquence, la masse ramenée à la longueur et au temps, il n’y a plus de contradiction, mais seulement un élargissement et un enrichissement de la physique classique. Mais il y a autre chose, qui est incompatible avec la théorie ancienne. Une fréquence vibratoire, étant une grandeur locale, possède par là même une valeur absolument déterminée en un lieu donné. Qu’il s’agisse d’une fréquence mécanique ou d’une fréquence électromagnétique, il suffit, pour cette